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Histoire - Seconde Guerre Mondiale (1939-1945)
Le 10 septembre 1944 à 7h30, les premiers soldats américains arrivent à Cheratte; le village est libéré !


La semaine qui précède sera moins heureuse, car même si la majorité des troupes allemandes quitte la région, le village est toujours occupé.

Dans le village...


Durant les jours précédant leur fuite, les soldats allemands jettent dans le canal de la cité des tonnes de matériel, dont bon nombre d'armes et de munitions.Joseph_Lhoest_160

Le 3 septembre, une colonne allemande arrive à Cheratte, réquisitionnant les habitations pour loger leurs soldats. Madame Van Linthout refusera, reprochant aux allemands d'avoir tué son mari en 1940. Les soldats allemands s'excusèrent, la saluèrent et partirent sans occuper sa maison.


L'avance alliée est rapide, des groupes de résistants s'activent dans toute la région, bloquant notamment on convoi routier allemand rue Bois-la-Dame à Wandre, et la ligne de chemin de fer à Cheratte.Une fusillade éclate à Rabosée, plusieurs hommes sont tués.

La tension monte d'un cran parmi les troupes allemandes, notamment en ce 4 septembre. C'est malheureusement ce soir là que choisit un jeune cherattois de 16 ans, Mathieu Steenebrugen, pour s'en retourner chez lui par le bois saint-etienne, porteur de marchandises de contrebande. Aussitôt repéré par les allemands, il est arrêté puis emmené. Il sera abattu sur le bord de la route entre Wandre et Cheratte, après avoir crié et supplié de lui épargner la vie.Mathieu_Steenebrugen_160


Cet évènement tragique ne sera malheureusement pas le seul. Le lendemain, un véhicule conduit par des soldats allemands traverse le village. Soudain, le véhicule s'arrête devant un groupe de cherattois. Contrôle, suivi d'une fouille sommaire. Joseph Lhoest, jeune cherattois de 19 ans cherche à s'enfuir, mais il est rattrappé en bordure du chemin de fer par les allemands. Malheureusement pour lui, la fouille de ses poches révèle des munitions, sans doute prises dans le canal quelques heures plus tôt. Sans autre forme de procès, le jeune Joseph est abattu.  

Le 7 septembre, Wandre est bombardé. Les cherattois se cachent dans les tunnels du charbonnage situés à 70 mètres sous terre, sommairement aménagés en abri par les cherattois avec l'aide des responsables du charbonnage.
Une rumeur se répand à Cheratte au sujet des allemands fusillant des hommes à Wandre. Les cherattois restent 3 jours et 2 nuits dans les tunnels, certains osant s'aventurer à l'extérieur pour ravitailler le groupe.

Le 8, à l'approche d'une colonne de véhicules militaires, Jules Pelletier s'écria "Mettez le drapeau, les américains arrivent". Mais ce sont les allemands... L'incident n'aura heureusement pas de conséquence.

Du côté du front...

Les troupes allemandes chargées de la défense de la zone Visé-Jupille (49e Division d'Infanterie) reçoivent ordre de laisser quelques éléments de reconnaissance en écran dans la vallée, pendant que le gros des troupes (dont la 116e Division Panzer) se retranche sur le plateau de Herve.
Les unités américaines du 7e Corps US (notamment la 3e Division Blindée) capturent Liège sans difficulté, traversent la Meuse sur un pont du génie, et foncent sur l'axe Herve-Battice via Jupille. Quelques éléments du 113e Cavalry Group (rattachés à la 30e Division d'Infanterie, 9e Corps US) sont chargés de remonter la rive est de la Meuse vers Visé, ce seront eux qui libéreront Cheratte. Mais cela ne se fera pas sans quelques accrochages. Malgré le fait que Cheratte se trouve fort heureusement hors de tout axe de progression allié, ce qui devrait épargner au village des combats destructeurs et meurtriers, le village comporte un charbonnage et plusieurs tours, pouvant servir de poste d'observation pour l'ennemi. Le jeune volontaire de la résistance Jacques Pierre Grandjean de Wandre, averti le commandement américain des réelles positions allemandes qu'il a répéré les jours précédents, évitant ainsi à Cheratte d'être bombardé par les troupes US.

Les américains lancent alors plusieurs élements de reconnaissance en avant par la route de Wandre, tout comme les allemands. Le contact est inévitable, le bref mais violent échange de tir fait refluer les soldats d'Hitler. Par la suite, plusieurs jeeps américaines seront envoyées à nouveau en reconnaissance. Max Blavier de Wandre se souvient du passage d'une d'entre elles "à fond la caisse" en direction du château. Des rafales d'armes automatiques les accueillent, la jeep tourne en directionde la cité, et ne réapparaitra plus. De l'autre côté du village, un véhicule allemand est stationné devant l'ancien fortin de la PFL. Monsieur Woit est sur le pas de sa porte, et c'est avec étonnement qu'il voit débouler une jeep américaine sur la rue de Visé. La surprise est telle qu'aucun des deux camps n'aura le temps d'ouvrir le feu, la jeep continuant son chemin vers le Sartay, emportant la barrière du passage à niveau.
Pendant ce temps, le 119e Régiment d'Infanterie US traverse la Meuse à Hermalle. La position allemande à Cheratte devient intenable, les occupants quittent le village.

Pont_Hermalle_1944

Pont construit par le 234th Engr C Bn. US (génie) à Hermalle.


Le 10 septembre, enfin...

 

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Cherattois photographiés avec des GI's du 113th Cav Grp, rue de Visé en face de l'actuelle librairie.

Les troupes américaines libéreront Cheratte-Bas à 7h30, avant de monter par la vieille voie pour libérer Cheratte-Hauteurs vers 11h. Une grand messe sera célébrée, et le bourgmestre fera un discours de circonstance. Dans laprès-midi, certains membres de la résistance entament une chasse aux collaborateurs et autres présumés traitres. Une fois capturés, ils sont emmenés à la maison communale. Une employée de la commune sera rasée et battue par la population, alors qu'elle avait permis à certains cherattois d'échapper au travail obligatoire... mais pas à tous bien évidemment. L'époque ne tolérait aucune circonstance atténuante.

194409_MaisonRuwet_640

La Maison Ruwet au Vinâve, décorée des drapeaux alliés fabriqués artisanalement par la famille.


La libération donne de l'inspiration à Jean Donnay, qui réalise une peinture sur ce thème : "L'Aurore".1945_Procession_Prisonniers_320

Les mois qui suivirent la libération verront Cheratte traversé par des centaines de soldats alliés. Le café de la gare en a gardé le souvenir sur deux affiches signées par tous ces GI's de passage. L'armée américaine ne se contentera pas de passer par Cheratte, elle y installera également un camp d'entrainement en vue de la traversée du Rhin. Un cable fut érigé au-dessus de la Meuse, qui utilisé avec un grand bac permettait aux troupes de traverser le fleuve.
Les soldats américains du 505th Light Ponton Bat. et du 86th Eng Heavy Ponton Bat. utilisèrent ce camp de la fin octobre au début décembre 1944. Ils logèrent à l'arrière d'un café.

En 1945, le 31 janvier, l'ancien bourgmestre rexiste de Cheratte (Guillaume Chanteux) est condamné à mort par le conseil de guerre de Namur. Il a été bourgmestre de Cheratte, puis chef du district de Wandre du Grand-Liège sous l'occupation.

Le 8 Juillet, une trentaine de prisonniers belges rentrés de captivité participent à la procession de la fête, en uniforme.
Le 22 sont célébrées les fêtes de la victoire avec une grand messe dans les prairies Baltus à Cheratte-Hauteurs. Suit un recueillement devant le monument aux morts et la réception des prisonniers à la maison communale. Des fêtes sont organisées en soirée.

 

1945, procession en l'honneur des prisonniers de guerre

Mis à jour (Jeudi, 09 Septembre 2010 09:25)