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Histoire - Seconde Guerre Mondiale (1939-1945)
A 2h du matin le vendredi 10 mai 1940, les troupes belges avertissent les villageois, c'est l'alerte générale. Le curé Lambrechts part chez son frère à Liège, tandis que le vicaire part rejoindre son régiment. Peu de temps après, des vrombissements de moteurs et des explosions se font entendre au loin vers le nord. Les troupes allemandes envahissent la Belgique et les Pays-Bas, tandis que leur aviation survole notre pays.

Vers 5h du matin, les explosions venant du nord s'intensifient. Les cherattois pensent qu'il s'agit des canons des forts belges ou des troupes hollandaises qui se défendent. Ils ignorent qu'à cet instant des parachutistes allemands neutralisent le fort d'Eben-Emaël, réputé imprenable.protin_evacue_obligatoire
L'autorité militaire conseille à la population d'évacuer. L'administration communale délivre le statut d'évacué obligatoire à certaines catégories de la population (enfants, personnes âgées, malades, etc...). Les pensionnaires de l'Institut Saint-Dominique sont renvoyés chez eux; plusieurs religieuses quittent Cheratte pour la France.
Vers 9h, des centaines d'avions allemands survolent le village en direction de l'ouest. La journée ne fut qu'une fuite lamentable des cherattois dans tous les sens. Le souvenir des atrocités de 1914 et la peur des bombardements ne quittant pas les esprits.
Le soir, le village est quasiment déserté par tous ses habitants. Constatant cela, le curé Depus part chez son frère à Liège en vélo.
Peu avant 22h le Fort de Pontisse commande au 2e Régiment des Cyclistes frontières la destruction du pont d'Hermalle-sous-Argenteau, qui saute. Ceux de Vivegnis et Haccourt suivent un peu plus tard.
Certains cherattois veulent malgré tout rester à Cheratte. Plusieurs familles se réunissent pour passer la soirée ensemble. Certains soldats se joignent à eux.

A minuit, ordre est donné aux troupes belges situées sur la rive est de la Meuse de se replier sur l'autre rive. Les derniers villageois sont forcés de partir eux aussi. Les positions fortifiées vont devoir se défendre seules... Le 1e Régiment de Ligne quitte Cheratte, traverse le pont de Wandre toujours intact, passe par Liers, pour ensuite continuer son chemin vers Namur.
Le 11 mai vers 7h, le Curé Depus revient à Cheratte-Hauteurs et constate que les troupes belges ont abandonné le village; il repart de nouveau pour Liège. Vers 11h, le 23e Bataillon du Génie belge fait sauter le pont de Wandre, consommant le dernier point de repli sur la Meuse. Les cherattois ne seront plus là pour apprendre la reddition du Fort d'Eben-Emaël à 13h30.
A 18h, le génie belge neutralise la belle-fleur, les observateurs s'y trouvant rejoignent le fort de Barchon. Marechal_1940_Eglise_Sarolay (Photo: L'église de Sarolay détuite par le Génie Belge)
Vers 22h30 dans l'abri de la Rue des Crètes (AC1), le Brigadier Miessen est fortement brûlé au visage par une fusée. Le docteur Wiener se rend sur place pour le soigner.
La nuit s'annonce des plus stressante pour les soldats en poste dans les différents abris fortifiés du village.... et à juste titre, car les troupes allemandes attaquent le fort de Barchon, déclenchant un bombardement de l'artillerie du fort de Pontisse. Les obus passent au-dessus d'un Cheratte heureusement déserté par ses habitants. Le 12 mai vers 5h, le fort de Barchon parvient à repousser les assaillants, mais le contact téléphonique avec le poste d'observation (BM3) situé en haut du Thier Herkay est rompu.
Dans la matinée, six hommes sont envoyés depuis le fort pour prendre la relève du poste d'observation du Thier Herkay (BM3). Le maréchal des logis Michaux, le brigadier Bonsang et les soldats Francotte, Levaux, Loly et Thone.tour_air_barchon
Dans la soirée, Le poste d'observation situé près de la Rue des Crètes (AC1) signale un rassemblement de troupes allemandes sur l'île de Chertal. Les obus sifflent à nouveau au-dessus de Cheratte.
Vers 21h le fort de Barchon tire sur le carrefour des quatres bras, tuant plusieurs soldats allemands. Une demi-heure plus tard, le Maréchal des logis Michaux est blessé par balle à la cuisse (près de l'abri AC1); le docteur Dessart est envoyé sur place. Le brigadier Bonsang est atteint par un éclat d'obus à la tête, et décède à proximité de l'abri BM3 (Thier Herkay). Un monument lui est dédié dans la fort de Barchon. Les combats se poursuivent durant toute la nuit.

Dans la journée du 13, le curé Lambrechts et Mr. Montrieux (trésorier de la fabrique d'église) reviennent à Cheratte-Bas. Le fort de Barchon est toujours bombardé, et vers 19h des soldats allemands approchent de Cheratte par le Thier Herkay. Ils sont aussitôt pris sous le feu des mitrailleuses belges situées dans la tour d'air du fort de Barchon, qui sera bombardée à son tour par les allemands (Photo : la tour d'air du fort de Barchon).

La journée du 13 sera également une journée de malchance pour une cherattoise de 53 ans.protin_victime_civile
Jeanne Protin habitant Rue du Curé à Cheratte, se trouvant à Herstal suite à l'évacuation, reçoit une balle dans la cuisse. Soignée par la Croix-Rouge, elle en conservera néanmoins des séquelles jusqu'à sa mort en 1945. Tragique destin des trop nombreuses victimes civiles du conflit. (document)
 

loix_livret_priere_soldatPendant ce temps, à Erpent près de Namur, le soldat milicien Pierre Loix, beau-fils de Jeanne, reçoit le "Livre de Prière du Soldat Belge", que chaque soldat catholique porte sur lui.
En cas d'accident grave ou de décès, le porteur de ce livret signifie vouloir recevoir les prières d'un prêtre catholique.
(Document ci-dessous: Livre de Prière du Soldat Belge)


Le lendemain vers midi les bombardements cessent sur le fort de Barchon; les habitants du village reviennent progressivement à Cheratte-Bas. Le ravitaillement s'organise, tandis que Mr. Montrieux remplit les fonctions de Bourgmestre. Des obus rasant passent à nouveau au-dessus de Cheratte, Pontisse étant bombardé par des avions allemands.
C'est également ce 14 mai qu'André Servais, milicien cherattois mobilisé dans le fort de Barchon, reçoit comme mission de se rendre en camion à Liège afin de ramener des munitions pour le fort. En chemin, il apprend que les allemands sont déjà à Liège depuis deux jours. Il n'a d'autre choix que de rentrer au fort avec son camion vide.

Le 15 mai, le curé Depus et l'abbé Cornélian (curé de Housse) reviennent à Cheratte-Hauteurs. Assistant au bombardement du fort de Pontisse par l'aviation allemande, ils jugèrent plus prudent de retourner à Liège.
Le 16 mai, les allemands encerclent le fort de Barchon, mais les abris d'observation de Cheratte continuent leur travail.
Dans la journée du 17 mai, une batterie d'artillerie allemande s'installe à Sabaré, en vue de tirer sur le fort de Pontisse. Repérée par une patrouille belge, le fort de Barchon tire à son tour sur la batterie allemande à 18h46. Trois obus de 105mm atteignent l'église Saint-Joseph.

Le 18 mai, après un siège de 8 jours, le fort de Pontisse se rend aux allemands, suivi quelques heures plus tard par celui de Barchon. Dans l'intervalle, le curé Depus rentre au presbytère de Cheratte-Hauteurs, et constate les dégâts occasionnés à l'église.
Malgré tout cela, Cheratte a été relativement épargné par les destructions et les combats.
DANLOY_JeanLes témoignages qui nous sont parvenu ont malheureusement leur lot de destins tragiques, comme celui de Jean Danloy, fils du bourgmestre de Hamoir et mobilisé à Cheratte en 1940.
Après avoir passé plusieurs mois dans le village, se liant d'amitié avec les tenanciers du café de la gare, le jeune Jean est contraint d'accompagner son régiment dans la retraite. Engagé ensuite dans la bataille de la Lys, il trouvera la mort à Oeighem le 24 mai 1940.
(dessin de gauche : Jean Danloy)

C'est également lors de cette sanglante bataille de la Lys que le cherattois Pierre Loix frôlera la mort. En position dans un champs avec son unité du 21e Régiment de Ligne, ils voient arriver les troupes allemandes. Lorsque les mitrailleuses ouvrent le feu dans leur direction, ses compagnons et lui plongent face contre terre. Lorsque Pierre relève la tête pour regarder vers son voisin de droite, il se rend compte que ce dernier venait de recevoir une balle en plein casque, qui le tua sur le coup. Son régiment se rendit le 27 mai 1940.

Le sacrifice de ces vies n'empêcha malheureusement pas l'occupation de notre pays par l'envahisseur allemand. Le 28 mai, le Roi Léopold III choisit de capituler, la Belgique devenant un payé occupé.
belgique_occupee

Mis à jour (Mardi, 31 Août 2010 08:02)